EVALUATION DES CONSEQUENCES

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Chaque professionnel adopte un protocole adapté à sa pratique ou à son
référentiel théorique, mais il s'agit d'un examen clinique complet. Au terme de
cet entretien, une thérapie pourra s'engager avec une victime traumatisée mais
bien accompagnée du point de vue social et judiciaire :

Evaluation des conséquences psychologiques

Il est habituel de commencer l'entretien par le motif de la consultation en
faisant préciser la nature et la durée des actes de maltraitance : sévices
physiques, psychologiques, sexuels, ou des négligences : s'attendre à ce que
l'évocation des faits s'accompagne de phénomènes de reviviscence anxieuse. Il
est souvent possible de pointer le début des actes de maltraitance ou des
agressions sexuelles en repérant une rupture biographique significative, en
faisant préciser :
- le cursus scolaire et universitaire,
- le cursus
professionnel,
- le déroulement, souvent chaotique, de la vie sentimentale et
affective,
- l'existence d'antécédents judiciaires,
- l'existence
d'antécédents médico-chirurgicaux, traumatiques antérieurs, exotoxiques ou
psychiatriques.
Il convient de rechercher les symptômes de l'ESPT [F43.1] en
précisant ses caractéristiques cliniques :
- syndrome intrusif dominant,
-
syndrome d'évitement dominant,
- troubles neurovégétatifs
dominants.
Rechercher ensuite les symptômes caractéristiques de la
personnalité borderline [F60.31 (301.83)] :
- efforts effrénés pour éviter
les abandons réels ou supposés,
- mode de relations interpersonnelles
instables et intenses caractérisées par l'alternance entre des positions
extrêmes d'idéalisation excessive et de dévalorisation,
- perturbation de
l'identité : instabilité marquée et persistante de l'image de ou de la notion de
soi,
- impulsivité dans au moins deux domaines dommageables (par exemple :
dépenses, sexualité, toxicomanie, conduite automobile dangereuse, crises de
boulimie),
- répétition de conduites auto agressives (TS,
automutilations),
- instabilité affective due à une réactivité marquée de
l'humeur,
- sentiment chronique de vide,
- colères intenses, inappropriées
et incontrôlables,
- idéation persécutoire ou symptômes dissociatifs sévères
dans les situations de stress,
- épisodes de décompensation psychotique
aiguë.
Rechercher des conduites de revictimation qui constituent des
manifestations de « répétition littérale » des situations traumatiques (par
identification à l'agresseur et/ou identification projective) :
- violences
conjugales,
- agressions ou viols répétés,
- situations de harcèlement
répétées,
- entrée dans des sectes totalitaires,
- atteintes sexuelles
ou viols par les thérapeutes,
- prostitution,
- conduites hétéro
agressives ou antécédents judiciaires répétés ;
- etc.
Rechercher les
troubles comorbides :
- troubles dépressifs,
- troubles anxieux,
-
troubles somatoformes (et psychosomatiques),
- troubles addictifs
exotoxiques : toxicomanie ou alcoolisme,
- rechercher un éventuel trouble
dissociatif post traumatique : la Dissociative Experience Scale constitue une
aide précieuse.
Idéalement, l'évaluation d'un ESPT s'effectue par le biais
de multiples mesures portant sur des variables cognitives, comportementales et
affectives au moyen d'entretiens structurés ou semi-structurés, d'outils
psychométriques et par des examens psychophysiologiques. Dans le cas d'une
évaluation préliminaire, l'utilisation d'outils psychométriques tels que Impact
of Event Scale (Horowitz, 1979) est suffisante. Constituée de 15 questions,
l'IES a l'avantage d'être rapide et facile à administrer (environ 10 minutes).
En dépit de son bon niveau de fiabilité statistique, l'IES a le défaut de porter
uniquement sur les symptômes d'intrusion et d'évitement ce contre quoi pallie
IES-Révisé (Weiss, 1997). Le Clinician-Administrated PTSD Scale (Blake, 1990)
est un entretien structuré concernant tous les symptômes d'ESPT ainsi que les
symptômes associés avec un bon niveau de fiabilité statistique, mais il a
l'inconvénient d'être plus long à administrer que l'IES (environ 60
minutes).
Il existe deux approches pour diagnostiquer la personnalité
borderline (Dourniol, 2003) : l'approche catégorielle qui a permis la
construction d'un entretien semi structuré le Diagnostic Interview for
Borderline (Gunderson, 1981) et l'approche dimensionnelle issue des travaux de
Kernberg.